le 13 septembre 2011 - 16h13

Mark Hamill

Pour le public, Mark Hamill est Luke Skywalker. En dépit d’efforts certains pour tenter de donner un autre visage à sa carrière (Au‑delà de la gloire, Slipstream, Le village des damnés, Jay and Bob contre‑attaquent…), il n’a pas réussi le virage opéré par Harrison Ford suite au succès de la saga. Un recul qui lui offre finalement une grande liberté de ton. Nous l’avions rencontré à Cannes en 2004, alors que la première trilogie sortait en DVD pour la première fois…

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Vous êtes venu à Cannes cette année pour défendre la version longue de The Big Red One de Samuel Fuller, un film qui vous tient particulièrement à cœur. Auriez‑vous défendu avec le même entrain la nouvelle version de Star Wars si George Lucas vous l’avait demandé ?

 


MH : pour être tout à fait clair, je ne pense pas que George Lucas me l’aurait demandé. En tout cas, jusqu’à présent, il ne l’a pas fait. Mais en imaginant la chose, je lui aurais dit : « George, tu n’as pas besoin de moi. Tu n’as vraiment pas besoin de moi ». Sam Fuller n’est plus là, mais il me semble que pour cette présentation à Cannes, il avait besoin de moi. Et pour lui, je ferais n’importe quoi. Je ne veux pas donner l’impression d’être trop froid vis‑à‑vis de Star Wars, mais George a plus vendu de jouets Star Wars que de tickets d’entrée en salles pour la trilogie. Je sais ce que Star Wars m’a apporté, mais je sais aussi ce qu’il m’a coûté. Maintenant que je ne suis plus impliqué, je vais de l’avant en me cherchant de nouveaux challenges. Je ne veux plus être seulement le gars qui a joué dans Star Wars. Je ne veux pas constamment me référer au passé. George n’a apparemment pas terminé sa thérapie.

 

Quel regard portez‑vous sur les modifications apportées par George Lucas sur les trois films de la première trilogie ?

 


MH : le truc qui est bourré d’effets spéciaux ? C’est bien ce dont nous sommes en train de parler ? Oui, malheureusement, je les ai vus. Que ce soit La guerre des étoiles, L’empire contre‑attaque ou Le retour du Jedi, je trouve que ces changements sont inopportuns et n’apportent rien à la trilogie, bien au contraire. J’ai toujours dit que je les aimais tous les trois dans leur version originale. J’aime le fait qu’ils aient été réalisés à l’ancienne, avec les moyens de l’époque. George évoquait récemment, pour justifier cette « défiguration numérique », le fait qu’ils avaient pris un sacré coup de vieux. Mais on ne peut pas parler de ces films en les qualifiant de vieux, on n’a pas le droit de dire que Star Wars est un vieux truc dépassé.

 

Il y a une génération de cinéphiles qui ressent ces modifications comme une véritable trahison…

 


MH : oui, cela va même encore plus loin. C’est carrément remettre en question l’amour du public pour ces films, l’amour des spectateurs qui ont grandi avec. Le temps a passé, c’est tout. Le fait que certains effets soient aujourd’hui complètement dépassés n’est pas grave, c’est même salvateur. Cela leur confère un charme certain, une patine inimitable. Vouloir absolument revenir sur ce qui a été fait pour y ajouter la technologie de maintenant n’a absolument aucun sens. George tente par tous les moyens de refaire ses films comme s’il les tournait aujourd’hui. Il veut nous faire croire que ces changements sont essentiels pour un public habitué aux effets spéciaux modernes. Je ne sais pas précisément ce qui l’a poussé à faire ça. Mais pour ma part, je suis plus intéressé par une technologie moyenne qui tente de matérialiser de façon réaliste les rêves immenses d’une époque, que par une technologie avant‑gardiste au service des petites entreprises de rajeunissement de George, qui oublie le rêve qu’il est censé supporter.

 

Que pensez‑vous alors des nouveaux épisodes I, II, III de la saga ?

 


MH : que cela soit bien clair, je ne veux pas cracher dans la soupe, Star Wars a contribué à ce que je suis aujourd’hui, et j’aime ces films. Il ne faut pas oublier que les épisodes IV, V, VI de Star Wars sont de véritables contes de fées, avec des pirates de l’espace, des mercenaires, des créatures et même une philosophie. Et tout cela, on le doit à George. Aujourd’hui, je suis incapable de vous dire à quoi ressemble tout ce bordel, ni dans quelle perspective artistique ils ont été faits. Ni même à quel genre ils appartiennent ! George a tellement de gens à sa disposition, tellement de jouets perfectionnés pour mettre à l’écran ce qu’il veut, qu’il aurait pu faire n’importe quoi… Et je pense que c’est ce qu’il a fait : n’importe quoi. Je suis sûr que son inspiration d’aujourd’hui est plus guidée par la technologie qu’il a à sa disposition que par son cœur. Vous savez, je crois finalement que ces nouveaux épisodes sont d’immenses comédies ridicules, et je n’ai aucun regret de ne pas y avoir participé.

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